Maria, village andin en passe de devenir une ville fantôme

Maria est un village endormi, sur la pente d'une des montagnes embrumées de la région de Chachapoyas. Elle se situe sur le versant Est des Andes, là où commence la forêt amazonienne. Déjà, une végétation luxuriante, bien différente de celle des hauts plateaux, commence à recouvrir les montagnes.

Cette région du Nord-Est du Pérou opposa une farouche résistance aux avancées de l’empire Inca, au 15ème siècle. Ses habitants, les Chachapoyas, résistèrent farouchement aux armées impériales du au de citadelles fortifiées dans les montagnes. C’est le cas de Kuélap, impressionnante cité de pierre qui est en passe de devenir un haut lieu touristique péruvien.

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Jadis, Maria était un arrêt obligatoire pour tout touriste souhaitant connaître Kuelap. En témoignent les restaurants et hôtels déserts qui attendent tristement la venue de visiteurs, des deux côtés de la rue principale du village. En attendant un retour des années fastes, la plupart des villageois se consacrent à l’agriculture, ou aux quelques chantiers d’infrastructure dans les environs. 

Préserver et promouvoir les traditions de travail communautaire des peuples des Andes

C’est dans une belle maison à l’entrée du village que le groupe d’artisanes de Maria se réunit toute les semaines pour compléter ensemble leurs commandes textiles, reprenant ainsi coutume ancestrale de la Minka (prononcé « Minga » dans le dialecte quechua de la région), moment de travail communautaire. Tout dans l’association de ces artisanes reflète un véritable engagement pour préserver la culture de leur région : costumes traditionnels, laine de moutons élevés dans la régions, et techniques de tisserandes transmises de mère en fille.

Cela ne veut pourtant pas dire qu’elles vivent dans un conservatisme rigide. Comme cela est étonnamment courant au Pérou, les artisanes ont établi une alliance avec les archéologues du site de Kuélap, qui leur ont présenté les dessins artisanaux que créaient les « ancêtres » Chachapoyas, ainsi que des nouvelles teintures naturelles, plus vives et attirantes que la production textile traditionnelle. La boutique de leur association, construise comme une case de la forteresse de Kuelap, témoigne de cette alliance avec les archéologues.

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Les limites de la promotion du patrimoine culturel au Pérou

Pourtant, cette relation harmonieuse avec Kuelap s’est dégradée avec la construction d’un téléphérique touristique, connectant le site à la ville de Chachapoyas. Soudain, le trajet de bus passant par Maria est devenu redondant. Et les artisanes ont eu beau recevoir un stand à l’entrée du musée, elles doivent faire un long trajet par des routes précaires pour y arriver…

Mais qu’à cela ne tienne. Déjà, les artisanes de Maria s’organisent pour vendre leurs produits sur d’autres villages, à la recherche de leur clientèle. Parce que leur association attire encore une nouvelle génération d’artisanes, elles sont déterminées de continuer de partager leur savoir faire avec le monde.

Manuel-Antonio Monteagudo

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