Sunita

Unir les artisans pour une vie plus juste

Badarpur, une banlieue en crise

Badarpur est un bidonville qui s’étend dans la frontière sud-est de Delhi, région frontalière avec l’État d’Haryana et l’immense ville satellite de Faridabad, l’un des moteurs économiques de cet État.

Jadis un village de caravansérails, Badarpur est situé sur l’ancien tracé du Grand Trunk Road, voie vieille de plus de 2000 ans qui reliait l’Inde orientale à l’Afghanistan. Cette route, qui avait fait sa prospérité, est aussi devenue la cause de ses problèmes : lors de l’indépendance indienne et l’exode des peuples non musulmans hors du Pakistan, de nombreux migrants ont pris cette route et se sont installés dans des villes comme Badarpur.

Aujourd’hui Badarpur est bien loin de son âge d’or, et l’ancien village a disparu sous les kilomètres d’un bidonville que le gouvernement central n’est jamais parvenu à déloger. De nombreuses sections du quartier sont devenues inaccessibles aux voitures, et les environs sont parcourus par les motos.

Les usines qui employaient jadis ses habitants ont déménagé dans des États moins chers, et la population est depuis confrontée au chômage et à la montée du trafic de drogue et du crime organisé. Bien des habitants de Badarpur travaillent dans le secteur informel, et d’autres sont employés par des revendeurs d’artisanat du commerce conventionnel, où ils sont payés avec des sommes dérisoires.

Aujourd’hui, Badarpur évolue dans une situation précaire, entre la menace de ces bandes criminelles et la spéculation immobilière de Faridabad, qui cherche à démolir le bidonville.

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Sunita, une leader dans Badarpur

Quelque part dans ce chaos urbain vit une dame à la grande personnalité, qui continue de lutter pour de meilleures conditions de vie. Elle s’appelle Sunita.

Dans cette ville injuste et tentaculaire qui n’a pas voulu lui donner sa place, elle réussit à mener une vie somme toute confortable.
Sunita a dû surmonter bien des défis pour en arriver là.

À la mort de son père, elle cherche un travail pour aider son mari à nourrir sa famille et ses enfants. Comme beaucoup d’artisans, elle commence par travailler pour des revendeurs du commerce conventionnel, qui l’exploitent en profitant de son manque de connaissances sur les droits du travail : ses salaires étaient bas et n’arrivaient pas à temps.

En 2005, elle découvre TARA Projects, et entre en contact avec eux pour fonder un atelier inséré dans le commerce équitable. Son atelier commence dans un petit appartement, jusqu’à ce que les artisans accumulent assez d’argent pour acheter une maison spacieuse et confortable où travailler.

Leur groupe est composé d’artisans débutants et expérimentés, surtout consacrés à la construction de bijoux, même si certains s’essayent déjà à la création de design. Avec une équipe composée principalement de femmes et de personnes en situation de handicap, ils travaillent pendant des journées de 5 à 6 heures, et gagnent entre 9000 et 14000 roupies par mois selon leur niveau de qualification.

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Mais pour faire face aux problèmes de Badarpur, Sunita savait qu’il fallait aller au-delà d’un salaire constant et digne. Avec TARA, elle a créé un centre communautaire où les artisans se réunissent pour organiser des initiatives communautaires et où l’on donne des cours de soutien aux enfants ainsi que des formations à l’artisanat pour les adultes en recherche d’emploi. À la différence des ateliers conventionnels, où les artisans croulent sous la pression du travail, Sunita a veillé à créer un espace où les artisans peuvent discuter et s’organiser face à leurs soucis quotidiens.

Ainsi, le groupe a formé un fond commun pour faire des petits prêts, notamment médicaux, afin de ne pas être dépendants des assurances médicales indiennes, souvent très chères et corrompues. Un système qui a permis à de nombreuses personnes de la communauté d’aller de l’avant et d’éviter de sombrer dans la pauvreté.

"Grâce au Commerce équitable, notre communauté est devenue plus unie. Nous luttons ensemble pour travailler dignement et pour soutenir les personnes les plus vulnérables".

Manuel-Antonio Monteagudo

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